Il est indéniable que réenvisager l’habiter, le bâtir, le penser, en liaison avec le vivant et ses milieux naturo-culturels, fournit un nouvel élan à la fabrique des établissements humains. Des relations mouvantes entre les êtres humains et les autres espèces, corrélées au règne minéral, se développent dans une dynamique d’échanges et de transformations. C’est ainsi participer à une totalité vivante amenant à conjuguer dans une même pensée les liens et les lieux, les gestes et les écosystèmes, le stable et l’instable. Cette fabrique bio-territoriale conduit à interroger et reconnaître, comme l’a amorcé Donna Haraway, un ensemble systémique de parenté et de coproduction. Le vivant amène donc à mettre l’accent sur la question d’un devenir au sein duquel tout interagit, coévolue et se construit. Ce qui va à l’encontre d’une conception de la nature abstraite et distanciée de l’être humain. Carolyn Merchant a été une des pionnières de l’identification de la rupture qui a eu lieu entre le XVIe et le XVIIe siècle dans la manière de représenter la nature comme un univers mécaniste inerte obéissant à des lois immuables, duquel il était possible de se distancier. Cette objectivation est associée à une posture d’exploitation de la Terre et au développement d’un système socio-économique de domination incluant la nature et les femmes.

– Anthropisation et récits de milieux habités
– « Des profondeurs de nos cavernes »
– Cohabiter avec les animaux
– Amor mundi et surgissement existentiel

in Sandrine Israël-Jost, Katrin Gattinger (dir.), Arts et ruses, animaux et milieux, tome 1 : Inventions animales d’espaces habitables, La Lettre Volée, 2025.