De la maison, de l’ « être jeté » au dehors et du retour, l’homme habitant la terre participe au même drame originel : les « manières d’apparaître » et les « manières de disparaître » relèvent d’une existentialité, celle d’un devenir-humain et d’un devenir-monde. 

De la maison ronde creusée dans le sol, jusqu’au logement comme forme historiquement tardive de l’habitation, le mode d’existence fondamental de l’homme sur la terre est celui de demeurer sous un toit comme principe essentiel de l’habiter où il y a encore possibilité de se blottir dans une intimité propre. « N’habite avec intensité que celui qui a su se blottir » écrit Bachelard dans La poétique de lespace pour insister sur l’importance d’espace plié vers le dedans qui ne cesse de se déplier et se replier vers l’infini révélant le concept de l’enveloppant-enveloppé. 

C’est le schéma raciner (naître) – dé-raciner (partir) – dé-placer (risque, danger) – en-raciner (revenir) qui articule l’homme à la terre qu’il habite selon un certain rythme de déchirures intimes et douloureuses. Ce moment entre naissance/re-naissance est traversé par une « déhiscence » envers des limites-ouvertures qui s’articulent dans une fusion ontologique entre l’homme, l’habitation humaine et le milieu sur laquelle surgissent des lointains possibles et désirables. Dans cet arrachement à la maison, dans l’inquiétant dehors, à l’épreuve du fragile, l’homme habitant la terre ouvre dans la continuité de l’habiter à un prendre soin des vulnérabilités partagées dans sa ville inquiète : pardon difficile, promesse fragile et deuil impossible.