“Les actuelles préoccupations environnementales invitent à poser un nouveau regard sur l’existant, afin d’identifier des ressources utiles parmi matières et lieux abandonnés. Ce volume propose une exploration synthétique de la ville à travers l’étude de ses restes – inévitables, ambigus, précieux – auxquels une valeur de témoignage essentiel est reconnue. L’analyse de deux cycles de fonctionnement principaux – production/utilisation de ressources et biens de consommation, construction/transformation d’espaces habités – permet de mettre en évidence l’alternance d’opérations de valorisation et/ou rejet des restes en question, et d’en souligner le rôle crucial en tant que problème et/ou opportunité. (…)

(…) Le livre, centré sur le cas paradigmatique de la ville de Naples, poursuit un triple objectif: reconstruire l’évolution des restes métaboliques au sein de l’écosystème urbain; restituer le rôle des “restes architecturaux” dans la formation de ce qui est aujourd’hui un véritable palimpseste stratifié; fonder une comparaison pertinente entre les deux phénomènes, rappelant le travail pionnier élaboré par Kevin Lynch sur la dissipation “des choses et des lieux”.

Le récit rend compte de la longue évolution qui commence par la révolution bactériologique et la construction de la ville sanitaire, lorsque le fonctionnement urbain est fortement structuré par un équilibre soigneux de matériaux et élément et par un usage scrupuleux de ruines et zones abandonnées, et arrive jusqu’aux années du gouvernement fasciste, quand une véritable “guerre contre le gaspillage” semble inspirer de multiples stratégies d’optimisation du déjà-là. Avant de conclure sur la situation récente caractérisée par deux crises cruciales – déchets et désindustrialisation – et sur l’approbation de deux documents essentiels – zéro-déchets et zéro-hectares – l’essai fait un bref survol de la période 1950-1980, caractérisée par l’introduction de nouveaux modèles de consommation ayant eu de nombreuses conséquences à la fois dans le domaine de la gestion des déchets urbains et de l’aménagement du territoire, donnant lieu au phénomène de “gaspillage métaboliques et territorial” que nos villes témoignent largement.“