L’Air, l’Eau, le Feu et la Terre interviennent grandement dans ce que Gaston Bachelard nommait l’ “imagination matérielle”. Et ils participent activement à la symbolique des lieux et à leur agrément. La confrontation transdisciplinaire proposée dans ce livre permet de saisir la présence de chacun des éléments – ou de leur ombre – dans la sensorialité d’une ville comme dans l’habitabilité d’une demeure.

L’on pourrait penser que l’architecture “transparente”, de plus en plus “dématérielle”, et l’urbain, de plus en plus déterritorialisé, ont rompu leurs liens avec les quatre éléments. Pourtant, comme le montrent les auteurs, des architectes, des paysagistes, des aménageurs s’évertuent à valoriser certaines qualités de ces éléments, sans être effrayés par leur virtualisation grandissante : des villes se dotent d’un lac artificiel, des jardins sont dédiés aux quatre éléments, des maisons honorent la terre et le urbanistes, à l’instar des philosophes grecs, prônent des tracés balayés par le vent.

À l’hygiénisme du siècle passé respectueux du “bon” air et de l’eau potable et précautionneux en matière d’incendie et de séisme, succède un esthétisme, parfois excessif, à base de l’un des quatre éléments … La copie, le faux, dénaturent les éléments et les “gadgétisent”. Il est temps de leur redonner leur puissance symbolique et de rappeler qu’ils sont constitutifs de notre histoire culturelle, et rassemblent les hommes, les paysages et les constructions dans un même monde.