Quoi de commun entre maison et mégalopole ? L’étendue et la durée de l’existence humaine. Nous habitons dedans et dehors, la maison et la mégalopole, des territoires à échelles dilatées, distendues, entre familier et forme d’inconnu. Au-delà d’une analogie inopérante ou d’une opposition superficielle, c’est notre présence à nous-même et à autrui qui est en jeu dans ces deux pôles : domestique et public, microcosme et macrocosme, enracinement et mobilité. La question ne se pose pas en terme de choix, maison ou mégalopole, mais comme horizon conjoint. La maison est ancrage au monde, lieu de l’intériorité, du privé, du fini infini. Bachelard et Patocka en ont fait l’archétype de l’habiter originaire en ce qu’elle abrite la rêverie et ouvre à l’intimité. L’insistance de l’homme à rechercher une demeure, un « chez soi », est confrontée à l’heure de l’urbanisation planétaire, à de nouvelles territorialités. La mégapole, avec l’accélération et la superposition des déplacements et des communications, a déployé vertigineusement le dehors dans des espaces urbanisés proliférant sans centre ni périphérie : réseaux, virtualité, cyberespace, nomadisme, multiplient les occasions de rencontres instantanées dans l’espace d’un tohu-bohu éclaté, dilué, dématérialisé, amorphe.