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Chercheuse

Annabelle ISZATT

Architecte DPLG / Docteure / Maîtresse de Conférence TPCAU
Architecte DPLG, Maîtresse de Conférence TPCAU à l’ENSA de Montpellier, elle enseigne la théorie architecturale et le projet depuis 2011. Elle est également associée au sein de l’agence d’architecture ZATTnSAT à Montpellier. Ses recherches portent sur l’évolution typologique du logement collectif et des formes urbaines qui s’y associent. Parallèlement, elle poursuit depuis sa thèse à l’EPFL sous la direction de Jacques Lucan, un travail sur la composition des espaces funéraires, l’apparition de modèles qui permettent de révéler le rapport de ces espaces à la société et à la ville. Les deux champs, bien que d’apparence opposée, permettent une réflexion convergente sur deux aspects. D’une part, les modes de fabrication de la ville, de l’autre l’espace comme support de rituel, sacré ou domestique.

Présentation

 

Architecture funéraire et dimension spatiale du rite :

Après un travail de thèse portant sur l’évolution des nécropoles, mené à l’EPFL sous la direction de Jacques Lucan, elle publie en 2018 Naissance de la nécropole moderne : Lecture d’un espace urbain au début du XIXe siècle à Paris. La réflexion s ‘appuie sur les projets de nombreux architectes, nécropoles réalisées ou non, en se concentrant sur la période des Lumières, qui offre un contexte de bouleversement propice à l’émergence de cette figure urbaine. A cette période, trois attitudes se distinguent, permettant d’avoir des clefs de lecture ouvrant à une compréhension des projets de nécropoles ultérieures : la conception de cimetières-monuments, de cimetières-jardins et de cimetières rationnels. Chaque manière de penser le projet s’associe à une vision de ce que doit être le cimetière, privilégiant une fonction plus qu’une autre : la mise en scène de la mémoire, la promenade, la préservation funéraire. Cette expertise lui permet d’alimenter aujourd’hui une vision prospective du cimetière dans la ville, à la fois réaliste et engagée dans une volonté de lier modernité et tradition. Affirmer la place du rite, s’ouvrir aux pratiques funéraires innovantes, préserver les sols sont des sujets structurants, à la fois de sa recherche et de sa pratique. Ainsi, le travail de l’agence est reconnu pour son projet de cimetière du futur à Shanghai, qui obtient la mention honorable en 2019. Cette approche s’enrichit d’une réflexion menée en collaboration avec des entreprises et des acteurs du secteur afin de placer le projet architectural au cœur du processus de recherche. Depuis 2017, elle propose un optionnel Paysage sacré contemporain pour initier les étudiants à ces thématiques.

 

Compréhension typo/morphologique de l’habité :

Elle participe à la création du Domaine d’étude de Master Habiter, qui irrigue à la fois un enseignement et une recherche sur l’impact des processus de fabrication de la ville dans la pensée du logement collectif. Loin de l’approche fonctionnaliste des Modernes, la notion d’Habité est entendue ici dans une dimension qui dépasse le fait de « se loger » pour s’intéresser aux liens et à l’interaction entre plusieurs lieux d’un territoire. Il s’agit d’appréhender les manières particulières d’y vivre, qui se comprennent dans des interactions qualifiées entre plusieurs lieux. L’angle typo/morphologique sert à développer le rapport complexe qu’entretienne la ville, le quartier et le logement, générant sans cesse des situations en recherche d’un nouvel équilibre. Cette approche tente de raconter les évolutions urbaines et sociétales par le prisme de la typologie.

 

Publications :

  • A.ISZATT, M.DAHBI, Analyse de la Haute qualité d’usage dans le logement collectif. GERPHAU. 2024. hal-04669708v2
  • A.ISZATT, M.DAHBI, Au-delà du Logement, caractériser une haute qualité d’usage dans l’Habitat.. ENSA de Montpellier; GERPHAU. 2023. hal-03980920
  • A.ISZATT, Nouvelles scénographies de la mort en Europe : expression d’un rapport à la nature réinventé in Mort, images et innovations. n°35 ( 1), Frontières, 2024.
  • A.ISZATT, Le cimetière, figure urbaine in La Face cachée des villes. n°441 Février 2021, L’Architecture d’Aujourd’hui.
  • A.ISZATTNaissance de la nécropole moderne : Lecture d’un espace urbain au début du XIXe siècle à Paris, Montpellier, Editions de l’Espérou, 2018, 136 pages.
  • ( ISBN 978-2912261892)
  • A.ISZATT, Thèse : Les Nécropoles de Paris et sa banlieue : Formation et transformation d’un espace urbain, EPFL, 2012

Communications :

  • 2025  6e Workshop Engagés pour la qualité du logement de demain. Cité de l’architecture, PerfUs. Un outils de recherche sur la Haute qualité d’usage, 27 Janvier 2025
  • 2024 Séminaire Logéo Seine. “Mesurabilité de la qualité d’usage avec la méthode PerfUs”, 18 Juin 2024, Rouen
  • 2024 Journée d’études Les espaces du sacré. Chaire Sacres « La disparition des gestes rituels au crématorium » , Janvier 2024, Couvent de la Tourette
  • 2023 Conférence à l’UQAM « Ce que les rites et l’espace des lieux du souvenir nous racontent des mutations de la société»,  Avril 2023, Montréal
  • 2023 Conférence au CELAT« L’évolution des processus opérationnels et du rôle des acteurs dans la fabrication du logement : coopération et participation»,  Avril 2023, Québec
  • 2023  Colloque Mort, images et innovations « Nouvelles scénographies de la mort ; expression d’un rapport à la nature réinventé »,  Mai 2023 à Montréal
  • 2022 Organisation de Colloque  « Sacralité/spatialité : lieux de la mort et du souvenir»,  20 et 21 Mai 2022 à Montpellier ,
    • Présidence de séance A.Iszatt : Le rite comme pensée structurante de l’espace
    • Présidence de séance A.Iszatt : Lieux de la mort : nouveaux paysages urbains
  • 2022 Colloque salon du funéraire Grand Sud « Nouveaux rites, nouveaux espaces ? » A.Iszatt, 23 juin 2022 à Toulouse
  • 2022Colloque « Penser les cimetières ». SIFUREP « Concevoir pour demain : enjeux et perspectives des lieux de souvenir » A.Iszatt, 3 juin 2022
  • 2021 Colloque « Funéraire et Avenir ». SIFUREP « Le cimetière du futur et la place du rite» A.Iszatt.
  • 2019 Conférence Musée Fabre, Montpellier « Naissance de la nécropole moderne, éléments de compréhension des projets contemporains» A.Iszatt
  • 2014 Séminaire scientifique «Penser le projet» «Le projet comme expression d’une localité dans les territoires métropolisés » A.Iszatt et E.Nourrigat
  • Séminaire doctoral, EPFL, LTH1 , Architecture, Ville et patrimoine
  • 2010 – Les réglementations qui marquent l’espace funéraire.
  • 2009 – La remise en cause du charnier.
  • 2008 – Manière de penser et composer la nécropole.
  • 2007–  La nécropole : une ville dans la ville. Entre mimétisme et rejet

Responsabilités scientifiques :

  • 2024-2027 Co-direction de thèse avec Xavier Bonnaud. Contrat doctoral temps plein. Ministère de la Culture. Doctorant : B.Viguier. Les espaces intermédiaires de l’habitat collectif : espace d’ambiguïté au coeur des enjeux de qualité d’usages
  • 2025. Expertise de thèse. Fairy modernity to fear obsolescence. Pauline Malaquin. Università degli Studi de Genova
  • 2022-2025 Programme  «Engagés pour la qualité du logement de demain» ,                                                                    Référente scientifique de l’équipe Logements à Haute valeur d’usage. Equipe : Ville de Paris/ ICF La Sablière/ GERPHAU. Obtention d’un contrat doctoral temps plein du Ministère ( 2024/2027). Mise au point de l’outil PerfUs (mesure de la Performance d’Usage).
  • 2023 Conférencière invitée au CELAT. Canada
  • 2017-2019 Programme «HUman at home projecT» ( 2017-2019). Questionnement sur l’impact du numérique dans l’espace habité. Participation au travail de l’équipe du Laboratoire Innovation Forme Architecture et Milieu de l’ENSA Montpellier. Identification des types de données pertinentes pour une étude spatiale et mode de captation dans l’appartement laboratoire.

     

     

    Travaux

    Le cimetière, figure urbaine

    L'architecture d'aujourd'hui, n°144 - La face cachée des villes 2021

    La nécropole contemporaine, forme urbaine liée au développement des grandes villes, révèle un rapport particulier qu’a notre société avec la mort, ainsi qu’une manière de concevoir la ville et l’architecture qui la compose. Cette recherche vise à mettre en valeur la naissance et l’évolution de cette forme urbaine depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, en étudiant les facteurs et les enjeux de son développement. Le corpus est principalement constitué de réalisations implantées dans Paris et sa banlieue proche. Ce choix est dû à la place majeure qu’occupe la France, et plus significativement Paris, en Europe au début du XIXe siècle. En effet, les origines de la nécropole moderne trouvent leurs racines dans le contexte d’après Révolution Française, à Paris. Avec les Lumières, l’espace funéraire subit un changement radical dans son organisation et sa forme. Le cimetière d’Ancien Régime, insalubre et bruyant, dans lequel se mélange l’espace des morts et des vivants au cœur de la ville, va laisser place à un espace périurbain, uniquement dédié aux morts. Mais cette mutation n’est ni rapide ni évidente. Les réflexions des Lumières, riches de projets d’architectes et de penseurs, insufflent avant tout un esprit de remise en cause. L’espace funéraire devient progressivement un sujet d’architecture et d’urbanisme. Pour autant, les nouvelles dispositions sont moins évidentes à trouver et à se mettre en place. La lutte de pouvoir entre l’Eglise, qui perd le contrôle de cet espace, et l’Administration qui doit s’en investir, ne contribue pas à faciliter la réalisation de nouveaux projets. Il faut attendre la début du XIXe siècle pour voir la naissance et la mise en place du cimetière moderne. C’est une période complexe dans laquelle nous pouvons distinguer deux étapes. La première étape marque la création des premières nécropoles modernes parisiennes, symbole d’un espace funéraire rêvé. Les textes qui légifèrent cet espace, les réflexions des architectes, des religieux et des administratifs aboutissent à la naissance de la première forme funéraire moderne. Dans l’imaginaire des artistes, le nouveau cimetière est un lieu romantique, parce qu’il est à l’écart de l’agitation urbaine. Mais dans la réalité, ce n’est pas le coin de nature espéré. Façonnée par les autorités politiques sans considération pour les pratiques populaires, cette nouvelle forme spatiale trouve difficilement sa place dans la ville et dans la société. La deuxième étape se met en place sur les désillusions laissées par la précédente. En effet, les premières réalisations ne sont pas à la hauteur des idéaux qui les ont vu naître et s’avèrent vite inadaptées à la croissance urbaine. Cette seconde période est constituée par l’usage des cimetières périphériques multiples dans un contexte d’urgence. En parallèle, la réflexion s’oriente vers la création de nécropole surdimensionnée très éloignée de la ville. Ce paysage funéraire évolue au cours du XXe siècle, à la fois dans la perception du public et dans l’attitude de ces concepteurs. Alors que les nécropoles parisiennes trouvent une stabilité de fonctionnement, les difficultés se déplacent vers les cimetières de la banlieue Seine. Dans ce contexte de densité étendue, se développe la solution des cimetières intercommunaux, ultime mutation de la nécropole moderne. L’architecte Robert Auzelle y joue un rôle majeur. Il nous offre à la fois une théorie de l’espace funéraire en même que la preuve de son application possible au travers de sa pratique. Son travail sur l’intégration urbaine de la nécropole est traité comme un point essentiel de son intégration sociale. Enfin, l’usage d’un vocabulaire architectural approprié à l’espace funéraire ainsi qu’une synthèse des grands modèles lui permettent de proposer une forme composée avec harmonie.

    Avec un angle de vue spatialisé sur l’espace de la mort, le propos explicite des dispositifs funéraires, en s’appuyant sur les formes qui empruntent à l’imaginaire de la nature, notamment avec l’évocation de la faune et de la flore. Derrière ces représentations fortement symboliques se révèlent des préoccupations actuelles (écologie, proximité avec la nature, détachement des signes religieux), associées à des innovations techniques rendues indispensables par la densité urbaine. Le texte illustre un effacement du paysage architectural et un rituel renforcé autour du devenir du corps. Ces scénographies témoignent d’un changement de paradigme et d’une nouvelle stratégie pour contenir la mort, dans une vision apaisée qui coexiste avec le vivant non humain.

    Premier rapport  produit dans le cadre du programme de recherche Engagés pour la qualité du logement de demain (EQLD) par la cellule de recherche de l’équipe lauréate ” Projet de logement à Haute performance d’usage”.

    Deuxième rapport  produit dans le cadre du programme de recherche Engagés pour la qualité du logement de demain (EQLD) par la cellule de recherche de l’équipe lauréate ” Projet de logement à Haute performance d’usage”.

    La naissance de la nécropole moderne en Europe peut-elle livrer des clefs de lecture des projets contemporains ? La réflexion s ‘appuie sur de nombreux projets de cimetières réalisés ou non, pendant et juste après la période des Lumières, moment d’apparition de ce nouvel espace urbain. C’est un regard d’architecte qui se pose sur la dimension construite du lieu de mémoire. Les autres aspects de la nécropole ont déjà fait l’objet de travaux nourris. Il s’agit ici de resituer ce sujet dans la lignée d’expérimentations architecturales et de considérer les prémisses d’un urbanisme funéraire.

    D’un côté, la conception de la nécropole met en évidence une dimension universelle de la forme architecturale autour de laquelle convergent les projets de périodes différentes. D’un autre côté, il apparaît des points de divergences très marqués quant à l’expression de la place que doit avoir le cimetière dans la ville et dans la société. Ce qui est en jeu est la nécessité de penser un vocabulaire architectural sacré mais neutre, tout autant que de penser un aménagement spécifique aux nécropoles, non calqués sur celle la ville. Il en ressort des manières de penser le projet, ou autrement dit de le « composer », qui annoncent l’émergence de modèles. A cette période, trois attitudes se distinguent, la conception de : cimetière-monument, cimetière-jardin et cimetière-rationnel. Chacune s’associe à une vision de ce que doit être le cimetière, privilégiant un aspect plus qu’un autre : la mise en scène de la mémoire, de la promenade, ou le stockage funéraire. L’analyse associe le résultat graphique ainsi que les stratégies de présentation aux arguments développés par les architectes pour identifier et comprendre les projets.

    136 pages
    ISBN: 978-2912261892