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Doctorant

Bastien Viguier

Architecte DE
Habitat collectif, espaces intermédiaires, usages
Bastien Viguier est architecte diplômé d’État (ENSAM, 2020) et titulaire d’un post-master recherche en architecture (ENSAPLV, 2023). Doctorant depuis 2024 au sein du laboratoire GERPHAU (ENSAPLV / CNAM, ED Abbé Grégoire), il mène ses recherches sous la codirection de Xavier Bonnaud et d’Annabelle Iszatt, dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt « Engagés pour la qualité du logement de demain ». Il est également membre du groupe de recherche issu du même programme, travaillant sur un médium d’analyse de la haute performance d’usages dans l’habitat collectif nommé « Perfus ».

Présentation

Que ce soit à travers sa pratique professionnelle en agence d’architecture, ou par les différentes recherches qu’il mène, Bastien Viguier s’intéresse aux pratiques architecturales contemporaine de l’habitat collectif autour de la notion centrale de qualité d’usages.

Thèse en cours :

 

Les espaces intermédiaires de l’habitat collectif : espace d’ambiguïté au cœur des enjeux de qualité d’usages

 

Inscrit en 2024 au laboratoire GERPHAU (EA 7486), ENSA Paris-La Villette et au CNAM (ED 546, Abbé Grégoire) sous la codirection de Xavier Bonnaud Xavier Bonnaud (HDR, Gerphau – ENSAPLV) et de Annabelle Iszatt (Responsable scientifique équipe GERPHAU / ICF La Sablière, Gerphau – ENSAPLV)

 

Les réflexions sur l’habitat collectif se poursuivent dans le cadre d’une thèse de doctorat issue du programme de recherche « engagés pour la qualité du logement de demain », conduit par le ministère de la culture et le ministère chargé de la ville et du logement.

Son travail de doctorat interroge les entre-deux de l’habitat collectif comme derniers espaces de liberté et de négociation des architectes pour l’amélioration de la qualité d’usages. Porteurs d’un sens supplémentaire pour l’habitat, ces espaces d’entre-deux expriment une vision contemporaine de l’habiter qui donne une nouvelle lecture des espaces habités face à l’optimisation foncière de l’habitat collectif soumis à une logique de rentabilité.

Il s’agit de mettre en lumière la transposition par les architectes de contraintes programmatiques en opportunités de projet en réponse au nœud gordien rentabilité foncière / qualités d’usages.

Travaux

En tant que jeune chercheur en architecture, la question de la méthodologie de recherche s’impose avec acuité. Mes réflexions portent sur les pratiques architecturales contemporaines liées à l’habitat collectif, avec un intérêt particulier pour la qualité d’usage. Ce travail de doctorat s’attache à l’étude des espaces intermédiaires dans l’habitat collectif, envisagés comme une réserve potentielle d’espaces permettant d’explorer des enjeux de qualité d’usage face aux logiques de rentabilité foncière.

Comprendre l’habitat collectif, ses relations au vivant et ses modes de production dans un monde en constante mutation engage une réflexion sur les outils à la disposition de l’architecte et du chercheur pour lire et interroger la complexité des situations habitées.

L’architecture mobilise de nombreux champs disciplinaires — sociologie, anthropologie, ethnologie, géographie, écologie, philosophie —, chacun doté de ses propres outils et méthodologies, souvent hérités d’une longue tradition académique. Mais qu’en est-il de l’architecture elle-même ? La recherche en architecture dispose-t-elle de méthodes et d’outils qui lui sont propres ? Se construit-elle par l’emprunt aux autres disciplines ? L’architecture, envisagée dans son ensemble — pratique, enseignement et recherche —, peut-elle revendiquer un langage spécifique ?

Sans prétendre apporter une réponse définitive, mais animé par une hypothèse personnelle, je souhaite soumettre ces interrogations au débat, en les confrontant à la diversité des acteurs et des pratiques de la discipline. En prenant appui sur mon propre travail de recherche, je propose d’ouvrir cette réflexion au partage à l’occasion de ces tables rondes.

La crise du Covid 19 a entrainé un vent de critiques de la part d’architectes et d’observateurs de l’architecture sur la production contemporaine de l’habitat collectif. La marchandisation de l’habitat qui conditionne une recherche de rentabilité économique (Van Gerrewey and Guidicelli, 2019) entraine un appauvrissement des espaces habités.  Les différents rapports (Girometti and Leclercq, 2021) et études (Sabbah et al., 2021) mettent ainsi en lumière une perte de « qualité dans le logement collectif » qui semble corrélée à la sobriété foncière.

Ce travail de thèse s’intègre dans la réflexion amorcée par l’équipe de recherche GERPHAU / ICF la Sablière lors de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Engagés pour la qualité du logement de demain » (EQLD). L’approche engagée s’appuie sur une pensée associant l’usage habitant comme vecteur principal de la qualité de l’habitat (Pinson, 1993).

La pandémie a aussi permis de mettre en lumière le potentiel des espaces intermédiaires comme extension des fonctions de l’habitat, ou comme support de nouveaux usages. Cet entre-deux apparait ainsi comme l’outil de résistance permettant de réguler l’équilibre entre sobriété foncière et qualité d’usages de l’habitat (Arzoumanian et al., 2024). La pluralité des noms qui lui sont attribués (entre-deux, espaces interstitiels, espaces de transition, espaces tampons, ou encore seuils, limites, sas…) montre la difficulté à appréhender ce dispositif spatial pourtant essentiel à la qualité des espaces qu’il met en relation.

On pourrait donc se demander, en réponse à la sobriété foncière de l’habitat collectif, comment les architectes spatialisent-ils la notion d’espace intermédiaire en tant qu’interface régulatrice de la qualité d’usages ? Que conditionnent ces entre-deux sur la fabrication typo-morphologique et programmatique de l’habitat collectif ?

Dans ce travail, le regard est porté sur les espaces intermédiaires qui dépassent leur fonction archétypale. Il est question d’interroger et d’analyser ces interfaces à plusieurs échelles de projet mettant en relation des espaces de nature, statut ou fonction différentes et de comprendre les stratégies de conception développées par les architectes. Cette réflexion basée autour du triptyque lefebvrien espace perçu, espace conçu, espace vécu (Lefebvre, 2000), cherche à mettre en évidence les dispositifs permettant aux espaces intermédiaires d’être les supports d’une régulation de la qualité d’usages face à des circonstances d’optimisation foncière de l’habitat collectif (Moley, 2003).

Il s’agit également de mettre en évidence les conditions d’existence programmatique et les conséquences typo-morphologiques des stratégies spatiales employées que ce soit dans la fabrication à l’échelle de la ville, de l’édifice ou de la cellule domestique.