Victor FRAIGNEAU a passé son diplôme d’architecte d’état en 2015. Il valide en 2016 le DPEA recherche en architecture de l’école de Paris la Villette, en immersion au laboratoire GERPHAU.
Lauréat du mécénat pour la recherche en architecture et en paysage lancé par la Caisse des Dépôts en 2017, sa recherche porte sur les enjeux d’une conception des odeurs aux échelles de l’architecture, de la ville et du paysage.
thèse soutenue
«Architecture olfactive. Des potentialités, pratiques comme théoriques, du sens de l’odorat en architecture»
Thèse en cours, sous la co-direction de Xavier Bonnaud (Gerphau – ENSA Paris La Villette, attaché à l’ED « Pratiques et théories du sens », Université de Paris 8).
Par leur emprise sur nos perceptions, nos affects et même notre mémoire, les odeurs font partie intégrante de notre environnement, à différentes échelles temporelles ou spatiales. Que leur diffusion soit maîtrisée ou non, elles s’inscrivent donc dans le rythme de nos milieux habités, dans l’architecture et dans le paysage.
Dans les champs de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage, une conscience du sens de l’odorat émerge : une attention croissante se manifeste envers des problématiques de pollution, de confort olfactif lié à l’environnement, mais apparaît également une certaine sensibilité pour mettre en valeur une qualité, une identité olfactive.
Parmi les sens qui participent à l’expérience de l’architecture, le sens de l’odorat se caractérise par sa sensibilité chimio-sensorielle, plus proche encore de la matière que le toucher, puisqu’il implique l’inhalation d’éléments physiques à proprement parler. Il est ainsi un sens pénétrant, sens du passage, de la porosité et de la limite. C’est également et notamment un sens du vivant, lié à la respiration vitale, et à son rythme. Sa prise en compte porte de cette façon une critique à la primauté des sens visuels et auditifs.
Dans la pratique même de l’architecture, une telle tendance, au service des sensations, mais aussi des émotions et de l’expérience de la matière et de l’espace, définit de plus en plus la façon dont se pratique l’architecture récente (Lucan, 2015). Ces courants convergent ainsi d’une manière théorique comme pratique vers la pertinence d’une interrogation du potentiel des odeurs dans l’expérience d’un lieu, d’une ville, d’un paysage (Poiret, 1998). La perception des odeurs dépend notamment, en dehors des facteurs environnementaux, du choix des matériaux et de leur mise en œuvre. Les odeurs expriment ainsi des valeurs culturelles, historiques, géographiques, très spécifiques (Henshaw, 2013).
L’utilisation de l’odorat en architecture, par les connotations qu’il apporte, par ses médiums, pourra être un message de durabilité, d’une conscience affermie de la temporalité et de la spatialité de l’architecture, mais également de son expression sensuelle, tout en veillant à accorder cette volonté à une prescription en réponse à l’artificialisation déjà imposée par le marketing olfactif.
L’objet de la recherche est donc d’interroger et approfondir les potentialités, pratiques comme théoriques, de la considération du sens de l’odorat en architecture.
Dans quelle mesure les outils de l’architecture contemporaine, par les processus de projet et par les champs d’expérience qu’ils ouvrent, sont-ils pertinents pour accueillir et expérimenter la perception olfactive, et la mettre en œuvre ?
Bibliographie
Article :
V. Fraigneau, « Odeurs, les matières intangibles de l’architecture » , in Le Philotope n°12 « MaT(i)erre(s) », décembre 2016
Présentation de poster :
V. Fraigneau, Olfactory architecture, On the practical and theoretical potentials of the sense of smell in contemporary architecture, conférence « Human olfaction at the intersection of language, culture and biology », 22-23 Juin 2017, Max Planck Institute for Psycholinguistics, Nijmegen, Pays-Bas