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Doctorant

Julien Salabelle

architecte HMONP
Diplômé en architecture à la UDK, l’Université des Arts de Berlin en 2010, Julien Salabelle travaille en Allemagne puis au Mexique jusqu’en 2018. De retour en France il obtient une HMONP à l’ENSA de Nantes en 2020. Une neuropathie périphérique de forme rare l’éloigne peu à peu de sa pratique d’architecte et de scénographe. Il se tourne alors vers une activité de recherche en poursuivant un Post-Master à l’ENSAPLV. Lauréat de la campagne « Doctorat Handicap », il est depuis octobre 2022 doctorant contractuel au CNAM au sein de l’ED Abbé Grégoire.

Présentation

Diplômé en architecture à la UDK, l’Université des Arts de Berlin en 2010, Julien Salabelle travaille en Allemagne puis au Mexique jusqu’en 2018. De retour en France il obtient une HMONP à l’ENSA de Nantes en 2020. Une neuropathie périphérique de forme rare l’éloigne peu à peu de sa pratique d’architecte et de scénographe. Il se tourne alors vers une activité de recherche en poursuivant un Post-Master à l’ENSAPLV. Lauréat de la campagne « Doctorat Handicap », il est depuis octobre 2022 doctorant contractuel au CNAM au sein de l’ED Abbé Grégoire.

Sa recherche s’intéresse aux pratiques spatiales des personnes considérées hors des normes de santé et de bien-être (personnes en situation de handicap, personnes âgées, malades chroniques…) notamment à leur stratégies d’aménagement et d’appropriation d’espaces trop souvent conçus par et pour des corps dit « valides ».

il tente ainsi de mettre en lumière la capacités des corporéités marginales à coproduire des connaissances nouvelles et alternatives en architectures. Dans le cadre de son doctorant il se concentre plus particulièrement sur les espaces de musée, en ayant comme ambition de dépasser les questions d’accessibilité pour ouvrir une réflexion sur l’existence et la place laissé à une culture issue de la diversité fonctionnelle.

Thèse en cours (inscription 2022), sous la direction de Xavier Bonnaud ( Gerphau  – ENSA Paris La Villette, attaché à l’ED Abbé-Grégoire)

Titre : Le « handicap » comme co-producteur de savoirs en architecture, une phénoménologie des espaces muséaux par des corps « hors-norme ».

Longtemps considéré comme la conséquence directe de particularismes corporels perçus comme des déficiences, le handicap s’est émancipé  du modèle biomédical centré sur l’individu. En prenant aujourd’hui en compte les interactions avec l’environnement physique et social, il se définit comme une situation d’inadéquation entre un individu et son environnement bâti. Il s’inscrit donc pleinement dans le champs de l’architecture, au sein duquel il reste cependant cantonné à des questions de normes constructives. Au-delà de l’accessibilité, les corps considérés hors de la norme de par leurs particularismes physiques, psychiques ou mentaux et plus particulièrement leur pratique de l’espace, c’est-à-dire les manières de se l’approprier, de l’occuper et de le vivre ne sont pas questionnées par la profession. Pour étudier les rapports subtils des corps handicapés à l’architecture, le musée apparaît comme un espace privilégié. Il articule en effet une série de dispositifs spatiaux qui visent à une mise en situation de réceptivité du corps. L’objet de la recherche sera donc de rendre compte, dans un contexte muséal, de l’acuité perceptive et conceptuelle de l’espace par les corporéités « hors normes ». Les cognitions incarnées propres aux personnes en situation de handicap en font en effet des experts  de l’espace bâti. La recherche pose comme hypothèse qu’ils sont de potentiels coproducteurs de savoirs architecturaux. Elle tentera de déterminer dans quelles mesures l’expérience spatiale des corporéités hors-norme peut être transmise, puis intégrée aux processus de projets, permettre l’émergence de nouveaux savoirs architecturaux et actualiser le dispositif muséal.

Travaux

Si l’on considère, à la suite de Goldstein et Canguilhem, que la santé qualifie non pas un état physiologique, mais les interactions d’un individu à son milieu de vie, relativement à ses capacités physique, psychique et sociale, il apparaît que les malades chroniques déploient, au cours du temps, une expertise fine dans l’organisation de leur lieu de vie, et des relations à leur habitat à la fois efficaces et inventives. Souvent imperceptibles ou mésinterprétés, ces savoirs expérientiels peuvent être abordés par le prisme du témoignage littéraire. Lorsqu’il décrit la chambre de tante Léonie, dans le premier tome de La Recherche du Temps Perdu, Proust dépeint un espace tristement banal, voir austère au premier abord, mais qui se révèle être habité d’une manière extraordinairement riche par les petits gestes du quotidien. Une étude détaillée d’extraits du roman, combinée à des références issues de la théorie de l’archi­tecture, permettent de mettre au jour une organisation minutieuse des espaces et des objets, une gestion savante des horaires et des rythmes de vie, ainsi qu’un investissement original des sens et de l’imagination. L’identification et l’analyse des stratégies spatiales de tante Léo­nie illustre des manières, pour des personnes fragiles et marginalisés, de faire milieu avec leur habitat.