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Doctorante

Eugénie Floret

Architecte HMONP / Enseignante
Architecte HMONP, diplômée de l'Université Catholique de Louvain (Belgique) en 2012, Eugénie Floret a pratiqué plusieurs années le métier d'architecte avant d'amorcer un travail de thèse en architecture pour lequel elle a obtenu une bourse du ministère de la Culture en 2023. Elle effectue aujourd'hui ses recherches au sein de l’ENSA Paris la Villette et de l’Université Libre de Bruxelles, sous la direction de Xavier Bonnaud (HDR, Gerphau – ENSA Paris La Villette) et de Pauline Lefebvre (Sasha – Faculté d’Architecture de l’ULB).

Présentation

PRÉSENTATION

 

Ses recherches portent sur les modes d’existence de l’air en architecture et interrogent les instruments d’une respiration devenue mécanique. Puisant dans ses expériences de terrains en tant qu’architecte, elle raconte et étudie le traitement de l’air, considéré non plus comme solution mais comme construction sociotechnique qui mérite d’être questionnée par les objets, les gestes, manipulations et bricolages qui en sont faits quotidiennement en architecture.

 

 

THÈSE EN COURS

 

Dans les entrailles de l’architecture, dans les locaux techniques dédiés au traitement de l’air, des personnes veillent sur des machines qui elles-mêmes s’activent pour maintenir nos conditions de respiration. Là, dans un bourdonnement incessant, se mêlent, s’entremêlent, les poussières et particules de nos intérieurs, celles des matériaux qui les composent, celles rejetées par nos corps, ou encore les pollens et autres insectes dont les corps aspirés s’agglutinent sur des filtres. Des atmosphères qui interrogent. Comment est appréhendée au quotidien la complexité de ces environnements techniques ? Pour quelles conditions de travail ? Pour quels effets sur l’air ?

Pour en saisir les enjeux, ce travail déplie des entretiens et observations de terrain de lire à la lumière de ce que Maria Puig de la Bellacasa nomme Matters of care (Puig de la Bellacasa 2017). Parce que s’intéresser aux dispositifs de traitement de l’air amène à déplacer la question du soin des machines vers celui de la matière et soulève de nouvelles questions. Qu’est-ce que le soin de l’air en architecture dès lors qu’il est délégué aux machines ? Autrement dit, dans quelle mesure, prendre au sérieux le soin de l’air en architecture peut nous engager vers une compréhension renouvelée des dispositifs sociotechniques mis en place pour le contrôler ? Derrière une attention à nos systèmes de ventilation mécanisée, derrière le soin qui leur est porté, se niche des enjeux de santé, se jouent nos conditions de respiration en commun dans des espaces intérieurs qui sont loin d’être inertes.

 

BIBLIOGRAPHIE

Floret, Eugénie. « L’Oubli de l’air, promenade philosophique en architecture, sur les pas de Luce Irigaray ». Le Philotope, édité par Céline Bodart et Stéphane Dawans, no 15, novembre 2022, p. 59‑76.
Floret, Eugénie. « Calfeutrer, contrôler, canaliser. Réflexion autour des dispositifs de traitement d’air en architecture ». Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère, édité par Roberta Morelli et Jean Souviron, no 20, 20, mai 2024, p. 162‑81. journals-openedition-org.proxybib-pp.cnam.fr, https://doi.org/10.4000/11par.

Travaux

Si la matière est au cœur des enjeux d’édification, il en est une invisible que nous conditionnons, traitons, recyclons et, bien souvent, oublions : l’air. L’article souligne les paradoxes qui surviennent entre la tentative de contrôle d’une matière éminemment complexe à maîtriser, à saisir, à mesurer, et des conditions de réalisation du projet qui recréent en permanence le contexte de fabrication. Ces fragilités révélées ébranlent le mythe du contrôle et traduisent la nécessité d’insuffler un débat, de réactiver un pouvoir d’attention, de repenser la rencontre entre air et architecture.

L’oubli de l’air de Luce Irigaray fait apparaître l’air, milieu total, étendue infinie, air traversé et traversant. De ce lieu, milieu, étendue, nous faisons l’expérience en tant qu’humains. Dans ce milieu, nous habitons. Ainsi, Luce Irigaray dévoile l’air. Si elle n’entre pas directement dans le champ de la pratique architecturale, nous percevons à travers son ouvrage, des images spatiales qui ouvrent à des considérations manipulables en architecture. Nous faisons l’hypothèse qu’à travers sa lecture, l’air pourrait incarner un lieu de relations littérales comme disciplinaires, entre pensées philosophiques, esthétiques, politiques, tissées autour de l’architecture.