Laboratoire

Le GERPHAU accueille des chercheurs venant d’horizons disciplinaires différents (architectes, urbanistes, philosophes, paysagistes, sociologues, écologues, artistes, etc.).

Ils se retrouvent autour d’objets de recherche communs qu’ils explorent à partir d’une culture collaborative et créatrice qui constitue la marque de fabrique du laboratoire, sa spécificité. Cette attitude commune permet à chaque chercheur d’élargir son propre champ disciplinaire de référence et de développer une méthodologie innovante, entre théorie et pratique. L’interpellation philosophique produit des questionnements et des concepts opératoires pour décrypter la nouveauté du contemporain et anticiper de façon prospective ses possibles.

L’architecture, l’urbain, la philosophie et plus spécifiquement l’anthropologie des milieux habités, la philosophie de l’environnement et des milieux, l’épistémologie du projet, l’invention architecturale, les outils de conception et de représentation des milieux habités, de leurs vulnérabilités et potentialités  constituent les domaines de recherche privilégiés du laboratoire.

Le GERPHAU (Groupe d’Études et de Recherches Philosophie Architecture Urbain), a été créé grâce au soutien du Bureau de la recherche architecturale, urbaine et paysagère du ministère de la Culture et de la communication, habilité en 1998. Fondé et animé par Chris Younès, situé à l’époque à l’ENSA de Clermont-Ferrand, il s’est structuré pour approfondir les rencontres entre Philosophie, Architecture, Urbain et mettre en place des dispositifs de coopération très actifs autour des relations interdisciplinaires et des problématiques architecturales, urbaines et environnementales contemporaines.



L’équipe GERPHAU a été habilitée en janvier 2003 dans le programme scientifique du CNRS 2003-2006 comme l’un des quatre sites de base de l’UMR 7145 CNRS LOUEST (Laboratoire des organisations urbaines : espaces, sociétés, temporalités).

En 2007, le siège du GERPHAU se déplace à l’ENSA Paris-la-Villette et renforce son partenariat avec l’école doctorale 31(Pratiques et Théories du Sens) de l’Université de Paris VIII pour parvenir à la signature en 2009 d’une première convention autorisant la délivrance des doctorats en Architecture, convention renouvelée en 2013. Entre 2010 et 2017, le GERPHAU a été l’une des six équipes de recherches de l’UMR 7218 CNRS LAVUE (Laboratoire architecture, ville, urbanisme, environnement).



Après une demande d’évaluation effectuée hors vague au printemps 2017, Le GERPHAU a obtenu son accréditation comme équipe d’accueil de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette, sous l’immatriculation E.A 7486.

Suite au départ à la retraite de Chris Younès, il est dirigé depuis 2014 par Xavier Bonnaud.



Comme toutes les équipes de recherches de l’ENSA Paris la Villette, les doctorantes et doctorants du GERPHAU sont dorénavant rattachés, au sein de la COMUE HESAM, à l’école Doctorale 546 (de l’Abbé Grégoire).

Ces trois thématiques énoncent les chantiers sur lesquels se regroupent, en grande majorité, les travaux des chercheurs, chercheuses, doctorantes et doctorants du laboratoire

Hériter et redéployer la notion de milieu : co-habiter

Les recherches engagées par le GERPHAU s’articulent depuis de longues années autour du concept de milieux. Cette notion, largement étudiée dans d’autres lieux et disciplines (écologie, mésologie, éthologie, philosophie, biologie) est ici mise au travail, dans la diversité des échelles de réflexion et de compétences d’intervention de l’architecture. Les milieux sont à inventer, à habiter, à réparer, à consolider, à renaturer : ils conjuguent des dynamiques biotiques et sociales, culturelles et écologiques, esthétiques et théoriques, comme des risques naturels et des enjeux économiques.           


Leur étude offre des mises au travail interdisciplinaires en lien avec les enjeux contemporains (Anthropocène, Capitalocène Tanatocène) comme avec la diversité plus grande de gestes d’intervention de ce contexte instable. L’attention aux interdépendances scalaires (du domestique au terrestre), que les transformations architecturales et urbaines initient est aussi source de travail.
La notion de milieu engage à étudier la mutuelle interdépendance, la coévolution native entre environnant et environné à partir d’une diversité de liens ( synergie, symbiose, prédation, synchronie, résonance, métabolisme co-construction, …),offrant un horizon de défrichage tout à fait stimulant pour l’architecture. Elle participe, à l’avant-poste, à l’abandon paradigmatique d’une pensée moderne, focalisée sur l’espace, l’abstraction, la tabula rasa, le progressisme et sa foi technique, la déliaison, vers une approche située, écocentrée, enrichie de la prise en compte de la fragilité et de la vulnérabilité.


La thématique des « milieux habités », de leurs transformations, de leurs régénérations, au-delà de son hospitalité à de nombreuses disciplines, est aussi un champ de recherche commun aux « arts de la conception» (architecture, urbanisme, paysagisme) et aux « sciences de l’observation » permettant aux manières de faire recherche de ces différentes disciplines de se rencontrer et d’initier de nouveaux formats de recherches.

Engager toujours plus avant des relations à la philosophie

Depuis sa création, le laboratoire GERPHAU est un lieu de rencontre entre architecture et philosophie, de partages d’intérêt mutuels et réciproques, de rendez-vous réguliers et de production commune. `
La culture de notre équipe, nos recherches, sont aussi des ouvertures aux philosophes pour qui l’acte de bâtir, l’aménagement du territoire, la ville, les milieux habités constituent des terrains stimulants et des pensées à construire.
La philosophie est aussi, depuis une école d’architecture, abordée pour sa capacité critique, sa puissance d’interpellation et de problématisation, comme aussi l’occasion d’un compagnonnage au long court avec une autre discipline de création dont la production et l’exercice spéculatif sont cependant toujours adossés à une rigueur argumentative.

LE GERPHAU aborde la philosophie, sans exclusive. La phénoménologie, le pragmatisme, la théorie critique constituent des domaines de références pour la majorité de ses chercheurs. Les productions contemporaines (philosophie politique, éthique et philosophie du care, philosophie de la technique, écoféminismes, études postcoloniales, réflexions sur le vivant …)  Interpellent et enrichissent aussi de nombreuses recherches

Ces exigences de précision et de mise au travail conceptuel, au cœur de terrains et de problématiques architecturales et urbaines, constituent sans doute une des spécificités de nos méthodes.
Les partenariats au long cours avec des instituions, des associations et des collègues avec lesquels nous entretenons des relations de compagnonnages réguliers, constituent aussi des lieux où chacun trouve dans la discipline de l’autre matière à élargir, approfondir, déplacer ses objets de recherches, ses méthodes, ses terrains.

L’architecture et ses épistémologies, entre méthodes et pratiques

Adossé à la précision et l’esprit de prospective que lui permet sa culture théorique, le GERPHAU depuis sa création, a engagé des activités et formats de recherches en architecture, participant à leurs reconnaissances institutionnelles et à leurs déploiements. Cet engagement a permis, dès 2008, en partenariat avec l’Université Paris 8, la soutenance des premiers doctorats d’architecture. Ensuite, un certain nombre des programmes de recherches spécifiques ont permis, par leurs sujets et leurs pratiques (autour du faire, à partir du corps, de la narration, de la performance, de la cartographie des risques), d’élargir le cadre et les méthodes des recherches en architecture.
L’inscription depuis sa création au sein du réseau européen ARENA, lieu de rencontre pionnier des cultures de recherches “by design” en Europe, a permis de partager les explorations et d’encourager les expérimentations dans un cadre élargi : le GERPHAU apportant ses outils de repères théoriques et d’accompagnement épistémologique, comme son acuité critique.                        
Se sont ouvertes des possibilités de mieux faire travailler ensemble recherche et inventions, permettant d’élargir autant les domaines d’intervention de l’architecture que des possibilités renouvelées de constructions de savoirs.
Autour de ces expériences, deux pistes sont aujourd‘hui actives : l’une pédagogique, permettant autant en licence qu’en master, d’engager plus activement des pluralités de situations et de méthodes de recherche dans la transmission de l’architecture, l’autre en direction du monde professionnel, visant à construire des lieux de rencontres et de co-fabrication entre recherches dans et en dehors des laboratoires.

Les piliers sont autant de notions qui relient les recherches actuelles à la longue histoire des idées et des savoirs de l’architecture.

1_Habiter / Exister
Poser et réorienter la question du sens d’habiter dans une ère urbaine, entre natures et cultures ; réinterroger les modes d’être ou relations nouvelles entre singularités ; repenser de nouvelles configurations du vivre ensemble avec une architecture des milieux habités.

2_Représenter / Conceptualiser
Définir des représentations capables de rendre compte des mutations contemporaines ; proposer des modes de penser et d’agir capables de soutenir le caractère inséparable des échelles d’analyse et d’intervention ; engager la réflexion architecturale actuelle dans ces dynamiques d’emboîtement et d’entrelacement complexes, qui intéressent simultanément les dimensions théoriques et pratiques.

3_Hériter / Transformer
Confronter la métamorphose des territoires à la double tension qui se joue entre d’une part sa capacité à conserver et hériter, et d’autre part sa volonté de projeter et prospecter la ville à venir ; éprouver ce qui est à l’œuvre entre rythmes naturels et culturels, et envisager les mesures selon lesquelles ces co-rythmes permettent de régénérer les établissements humains.